Rechercher dans ce blog

lundi 5 septembre 2011

Je, je, je suis à la bibliothèque


Aujourd'hui c'est une journée de merde. Des millions de collégiens et de lycéens retrouvent le chemin de l'école.

Pas moi. J'ai fini mes études.

Mais je me retrouve quand même à la bibliothèque à plancher sur un article académique interminable qui porte sur un sujet ultra technique. Comme je n'ai pas réussi à lire plus de la moitié de la documentation pour ce faire, je peux déjà prédire que le fruit de mon travail sera à la fois inexact et relativement chiant. Je mastique le même chewing-gum depuis trois heures. Je réalise qu'en réalité ça fait dix minutes que j'ai la bouche entrouverte, et prends conscience que c'est probablement pour cette raison que le mec plutôt pas mal avec une petite barbe et un t-shirt cool me fixe depuis quatre-vingt secondes environ. En même temps il est bloqué à la même page du Code Civil depuis onze heures ce matin. Je le fixe à mon tour, et décide de garder la bouche ouverte. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est devenu une question d'honneur personnel. Une voix nasillarde et un micro qui grésille font cause commune pour appeler « Mélusine Pocheton » au bureau des portables : non mais, sérieusement ? Je ne savais pas qu'il y avait un « bureau des portables » à la bibliothèque. La voix revient : la lourdeur du truc. Du coup je fais une blague sur « Mélusine Pocheton ». Comme mon pote n'entend pas, je répète plus fort en faisant un mime drôle. En fait, Mélusine Pocheton est assise à côté de moi et va récupérer son portable au bureau des portables. Elle n'a pas aimé mon humour. De toute façon je m'en fous, j'ai un mec à regarder bouche ouverte. Il a détourné les yeux pour relire son Code. Il a perdu, hein ? Hein qu'il a perdu le jeu ? Du coup, je referme la bouche. Je me dis que quand même, c'est la rentrée et donc je devrais prendre des bonnes résolutions. Par exemple faire du jogging trois fois par semaine. Non, c'était pour rire. Par contre je pense arrêter de mettre de la mayonnaise dans les raviolis en boîte que je mange tous les trois jours. Peut-être que grâce à ce nouveau train de vie, j'aurai des bras plus toniques, et les gens arrêteront de se moquer de moi en soirée à cause de mes triceps mous. En attendant j'ai hyper faim. Un mec vient de dire « merde ! » tout fort à côté de la photocopieuse, et toute cette colère gratuite m'angoisse énormément. Du coup je vais plutôt aller à la cafétéria pour manger un Pitch.

C'était chouette.

Malheureusement, Mélusine Pocheton est partie.

Mon pote a dessiné une bite sur l'un de mes principaux outils de travail : une feuille de papier.

Pas grave. Je me souviens qu'en cinquième, on avait des cours de dessin où le but était de transformer un objet du quotidien en chose extraordinaire, rêvée. Notre professeure d'arts plastiques portait chaque mercredi une polaire Windzip et son esprit fourmillait d'idées originales : comme la fois où elle nous avait expliqué qu'en se plaçant sur un damier magique, on pouvait planer jusqu'à des endroits merveilleux – comme une jungle colorée, elle disait. En attendant, je transforme la bite de mon pote en cornet de glace.

Je réalise que cette phrase peut laisser place à de multiples interprétations scabreuses, sinon vulgaires. Heureusement, l'image ci-dessus viendra appuyer mon discours.

Comme je pense avoir atteint le sommet de la vanne avec ce dernier paragraphe, je décide de m'arrêter là. Ce serait dommage de gâcher ce joli billet par une fin qui ne serait pas au niveau : cette année, soyons dignes.


Autopromo : aussi sur www.lecheminjaune.tumblr.com