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lundi 6 juin 2011

Mauvaise humeur

Le week-end dernier, une bonne amie expatriée depuis quelques temps était de passage à Paris. L'occasion de nous rappeler de bonne vieilles histoires : la fois où le CPE de notre lycée nous avait demandé de nous frotter le scrotum contre un pilier du foyer (on faisait partie du club théâtre. Tous les comédiens doivent faire des trucs chelous avant de monter sur scène, non ?), le jour où une copine avait vomi dans la cage d'escalier londonienne d'un coréen probablement démembreur (mon correcteur d'orthographe me fait signe que le mot « démembreur » n'existe pas. DEMEMBREUR DEMEMBREUR DEMEMBREUR. Bref.), ce midi à la cantine où nous avions mangé huit galettes des rois à deux, cette matinée ou après six mois de réflexion je m'étais enfin décidée, tremblante, à aller demander un ticket de bus à Arthur (le grand brun, un peu dégingandé, alors source de fantasmes tout à fait innocents). (D'ailleurs, Arthur, si tu lis ce blog –ce dont je doute fortement- je te fais un gros bisou).

Un condensé de l'époque où elle portait encore des pantalons Pussy, et moi un poncho XL gris qui me vaut depuis le joli surnom « Pépito ». (Je le trouvais assez cool, en vrai.)

Depuis, bien sûr les temps ont changé : un poncho de perdu et des galoches de plus en poches.

Je vous laisse répéter cette phrase, marquée par une belle allitération explosive dont je ne suis pas peu fière. C'est tout ce qu'on peut en faire en fait –la répéter, parce qu'elle n'a absolument aucun intérêt. D'ailleurs, il serait assez drôle de compter le nombre de phrases et d'énoncés parfaitement inutiles de cet article. Je pense que le résultat serait édifiant. Comme pour la plupart des blogs d'ailleurs. Que des gens racontent sur internet leurs histoires pathétiques en tâchant d'être drôles me fend le cœur. Internet donne finalement l'occasion à un tas de personne qui vont manifestement mal de s'exprimer sous la cagoule grossière du mauvais lol ou de l'écriture médiocre. En fait, internet a le goût d'une existence constamment transfigurée par l'échec, en même temps qu'il me rappelle combien le droit de supprimer tous ceux qui nous agacent devrait figurer en première place dans la Constitution de la Cité Idéale. Probablement le seul bon point qu'on peut trouver au gouvernement Zuckerberg.

OK.

Je viens de relire mon paragraphe, et je réalise que demander à un copain de me filer l'intégrale de Cioran hier pour nourrir mon univers littéraire n'était pas une super idée. De l'Inconvénient d'être né, ça vous plombe un texte tout de suite. C'est pas faux, hein, mais ça vous le plombe. Donc on congédie Emile maintenant, et on rejoint gentiment le rang des personnes qui au lieu d'investir dans une thérapie de fond préfère faire perdre dix minutes de leur temps à une poignée d'hypothétiques lecteurs.

Et puis, être enrhumée ne justifie PAS le fait d'être désagréable comme ça. Allez zou, un clip d'Hernando Fernandez, le temps de me rêver danseuse de cumbia columbiana vulgaire juste ce qu'il faut, et c'est parti.

Non, c'est pas parti, j'écrirai un truc drôle, léger sur les compagnies aériennes low-cost la semaine prochaine.

Flemme. En plus, une pote vient d'arriver chez moi, avec un aspégic, et du pesto.

Arthur, j'espère en réalité que tu ne lis pas ce blog, où mes chances sont définitivement fichues (et après neuf ans d'attente, ce serait rude.)